RETROUVAILLES HYDRIQUES, 2024
Verre soufflé, plastron en osier tissé, ficelle de chanvre, eau de l’Huveaune50 x 50 x 30 cm
Projet Confluence, porté par la commissaire d’exposition Sigrid Pawelque sur le territoire des Bouches du Rhône.
En collaboration avec Manon Gilloux, artiste vannière, Cyrille Rocherieux, artisan verrier et Léa Troulard, photographe.
Un grand merci à l’association Rives et Cultures qui m’a fait découvrir l’histoire de l’Huveaune et de ses habitants humains et autres qu’humains à travers notre marche collective.
L’Huveaune est un fleuve long d’environ 52 km qui prend sa source sur le versant nord du massif de la Sainte-Baume et dont le lit naturel rejoint la baie de Marseille au niveau des plages du Prado. Une légende dit que Marie-Madeleine aurait trouvé refuge dans le Massif de la Sainte-Baume. Ses larmes intarissables coulant à flot donnèrent naissance à l’Huveaune.
Initialement l’embouchure de l’Huveaune était située vers l’Hippodrome Borély. En raison d’une qualité dégradée de l’eau devenue très polluée et afin de protéger les zones de baignades situées à l’exutoire naturel de l’Huveaune, ses eaux sont détournées depuis 1972 au niveau du barrage de la Pugette à Marseille par un tunnel. Les eaux de l’Huveaune sont actuellement rejetées à l’anse de Cortiou au cœur du Parc National des Calanques. (source Le Syndicat Mixte du Bassin Versant de l’Huveaune -SMBVH ).
Le rôle d’un fleuve est de se jeter dans la mer, ce qui nourrit les littoraux puisque ses eaux sont chargées d’humus et de nutriments accumulés auprès des forêts et des rives traversées tout au long de son cours. Le lit naturel de L’Huveaune est asséché, hormis lorsque les eaux de pluies augmentent son débit. La plupart du temps, le fleuve finit sa course à travers un tunnel de béton aux côtés des eaux usées de Marseille. La mer rencontre son fleuve à un endroit stratégique pour les humains et non pas à l’endroit décidé initialement par les éléments.
J’ai décidé pour le projet Confluence, d’interroger cette histoire qui résonne avec tant d’histoires d’exploitation et d’artificialisation de nos paysages et de l’eau. C’est un acte artistique qui appelle à prendre soin de nos fleuves et à lutter pour leurs droits. J’ai collecté l’eau de l’Huveaune et ses affluents dans des fioles en forme de sein que j’ai regroupées autour de mon cou sur un plastron en osier tressé (végétal poussant proche de l’eau) réunissant ainsi des eaux qui auraient dû se mêler naturellement et se jeter ensemble dans la mer. J’ai marché avec cette sculpture sur mon corps le long de l’Huveaune. Arrivée à l’embouchure des plages du Prado, j’ai libéré l’eau de chaque fiole dans la mer, telle une promesse, celle qu’un jour ce cours d’eau et ses habitant.e.s seraient libres.